« Les classiques littĂ©raires, c’est trop naze ! » đŸ˜”đŸ“–

« Les classiques littĂ©raires, c’est trop naze ! » đŸ˜”đŸ“–

21 avril 2022 1 Par Coralie

Un professeur de français un peu trop penchĂ© sur l’explication de texte, des parents qui vous forçaient Ă  lire au moins dix pages d’un obscur roman du XIXĂšme le soir aprĂšs les devoirs, des mots incomprĂ©hensibles et des descriptions interminables… Nombreuses sont les raisons qui peuvent vous pousser Ă  scander fiĂšrement que, « oui, les classiques littĂ©raires français, c’est vraiment pourri/naze/ch*ant/casse-bonbons/mortel (sĂ©lectionnez l’adjectif qui vous semble le plus parlant).


Les classiques littéraires français : on les aime ou on les déteste


En matiĂšre de littĂ©rature française, il y a deux Ă©coles : ceux qui l’adorent, et ceux qui la dĂ©testent (ou au moins qui s’en dĂ©sintĂ©ressent totalement). Regardons de plus prĂšs ce qu’il se passe dans les deux camps… âŹ‡ïž


CÎté « la littérature française, sans moi ! »


Le rapport au français et Ă  ses classiques littĂ©raires est, pour certains, assez compliquĂ©. En effet, tout le monde connaĂźt quelqu’un qui :

  • a de mauvais souvenirs de ses cours de français ;
  • trouve que les questions liĂ©s Ă  l’orthographe sont peu importantes ;
  • estime que la littĂ©rature est « tout Ă  fait chiante et inutile » ;
  • dĂ©teste carrĂ©ment la lecture et tout ce qui s’y rapporte.

En effet, il est vrai que les classiques littĂ©raires et les auteurs classiques ont une rĂ©putation… parfois poussiĂ©reuse. Beaucoup de gens imaginent, en parlant de Zola et de ses confrĂšres, des types Ă  lunettes fumant la pipe, discutant de concepts obscurs et utilisant des mots dĂ©suets au fond d’une bibliothĂšque lugubre. 🧐


Pour ceux qui pensent que la littérature ne sert à rien, les arguments sont nombreux :

  • « dix pages de description pour parler d’un carrĂ© d’herbe dans le jardin, ça craint ! » ;
  • « franchement, on pige rien quand deux personnages dialoguent, faut voir les mots qu’ils utilisent ! » ;
  • « 500 pages ? C’est un peu long non ? » ;
  • « j’ai lu le rĂ©sumĂ©, cette histoire de Bovary qui vit une existence chiante comme la pluie, trĂšs peu pour moi ! » ;
  • « ma prof de français m’a traumatisĂ© en me parlant de Baudelaire/Maupassant/Corneille/etc. » ;
  • « passer des heures Ă  parler d’un poĂšme, quel intĂ©rĂȘt ? »

Bien sĂ»r, cette liste n’est pas exhaustive. Mais une chose est sĂ»re : les personnes qui ne s’intĂ©ressent pas Ă  la littĂ©rature française trouvent que les classiques sont une perte de temps. De plus, ils pensent bien souvent qu’il est impossible d’apprĂ©cier un classique. ❌


CĂŽtĂ© « j’aime la littĂ©rature et lire les classiques »


Il y a ceux qui, contrairement aux premiers, adorent la littĂ©rature et se passionnent pour la dĂ©couverte ou la redĂ©couverte des classiques. Souvent, ils ont commencĂ© Ă  se familiariser avec ces derniers Ă  l’Ă©cole. Parfois, ils les ont croisĂ©s par hasard dans leur vie d’adulte. Quoi qu’il en soit, les amateurs de classiques français ont tous en commun quelque chose : ils sont sensibles Ă  la beautĂ© de la langue. 🌾

Pour eux, rien n’est plus plaisant que le fait de se retrouver face Ă  un livre. Les longues descriptions sont l’occasion idĂ©ale de dĂ©couvrir de nouveaux mots, et de se plonger dans l’univers fascinant des synonymes. La poĂ©sie est une invitation au rĂȘve, Ă  l’Ă©vasion, Ă  l’Ă©motion. Bref, les amateurs de classiques littĂ©raires sont transportĂ©s par les mots qui dansent sur les pages.

Ils s’intĂ©ressent Ă©galement aux auteurs de ces classiques. En effet, ils aiment Ă  connaĂźtre les biographies des Ă©crivains et adorent se renseigner sur le contexte historique de l’Ă©criture. Vous l’aurez compris, ce sont des aficionados (scoop : DicoToucan fait partie de cette Ă©quipe !). 📚


Mais au fait, c’est quoi un classique littĂ©raire ?


En littĂ©rature, comme dans l’Art de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la notion de « classique » obĂ©it Ă  des rĂšgles parfois un peu vagues. Afin d’y voir un peu plus clair, DicoToucan a fait quelques recherches. Il a notamment trouvĂ© l’ouvrage LittĂ©raire, Tome 1 (p. 97-107), oĂč CĂ©cile Rabot dĂ©finit les classiques littĂ©raires selon 61 critĂšres. DĂ©couvrez quelques-unes de ces notions pour mieux comprendre ce que sont les classiques :



  • Excellence 🔝 (le classique littĂ©raire se distingue par une qualitĂ© trĂšs nettement supĂ©rieure en terme d’Ă©criture, de stylistique, etc.) ;
  • Date đŸ•°ïž (il est entrĂ© dans l’histoire de la littĂ©rature) ;
  • Inspiration 💡 (de par sa singularitĂ©, le classique est devenu source d’inspiration pour de nouvelles crĂ©ations) ;
  • Partage đŸš© (il est enseignĂ© Ă  l’Ă©cole et fait partie d’une culture commune Ă  la nation) ;
  • SacrĂ© ⭐ (il est sacralisĂ©, panthĂ©onisĂ©, presque incontestable) ;
  • Connu 👍 (le classique est connu de tous, mĂȘme de ceux qui ne l’ont pas lu !) ;
  • Atemporel 💎 (il a su traverser les siĂšcles) ;
  • Relecture 🌈 (chaque lecture est synonyme de dĂ©couvertes nouvelles, puisque le classique se redĂ©couvre indĂ©finiment).

« DicoToucan, prouve-moi que les classiques littĂ©raires, en fait, c’est cool ! »


Vous faites partie des personnes qui pensent que les classiques sont (au mieux) inutiles ou (au pire) totalement aberrants ? DicoToucan vous propose un petit rĂ©sumĂ© de cinq classiques littĂ©raires français… On vous parie qu’aprĂšs cette lecture, vous allez changer d’avis !


ThérÚse Raquin, Emile Zola, 1867


ThĂ©rĂšse est une orpheline mariĂ©e Ă  son cousin, Camille, un type chĂ©tif qui ne fait pas rĂȘver son Ă©pouse. Ils vivent chez la mĂšre de Camille, et la pauvre ThĂ©rĂšse en a un peu ras la mĂšche de cohabiter avec belle-maman. Un jour, elle rencontre Laurent, un beau jeune homme grand, fier et viril. Coup de foudre et batifolages… Jusqu’au jour oĂč notre brave Laurent noie le mari de sa maĂźtresse lors d’une balade en barque et fait passer le meurtre pour un accident. đŸš€â˜ ïž

Ambiance « Faites entrer l’accusé » lorsque les deux amants se retrouvent Ă  la morgue et contemplent, choquĂ©s, le cadavre du pauvre Camille. Le mĂ©tier de mĂ©decin lĂ©giste vous fascine ? Lisez la description du corps : c’est comme si on y Ă©tait ! Finalement, torturĂ©s par l’image du macchabĂ©e bouffi, Laulau et ThĂ©thĂ© se suicident en s’empoisonnant. Bonus : belle-maman, qui sait ce qu’ils ont fait Ă  son pauvre fiston malade, observe la scĂšne en souriant de toutes ses dents. ⚰

On adore : la monstruosité si bien décrite par Zola, la description du cadavre et le cÎté Bonnie & Clyde de ThérÚse et Laurent !


Les Liaisons dangereuses, Pierre Choderlos de Laclos, 1782


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Dans ce classique, roman Ă©pistolaire (constituĂ© de lettres), on parle de cul ! En effet, qui a dit que les classiques littĂ©raires Ă©taient exempts de canaillerie ? Au fil de votre lecture, vous dĂ©couvrirez la marquise de Merteuil, une femme de pouvoir qui aime dominer les autres et tout contrĂŽler. Libertine, elle serait au XXIĂšme siĂšcle estampillĂ©e de la mention « perverse narcissique ». Avec le vicomte de Valmont, lui aussi libertin, ils ont pour objectif de pervertir CĂ©cile, une vierge sortie du couvent qui doit Ă©pouser l’ex de Merteuil. 👰

En gros, Valmont use de tous ses charmes pour se taper la virginale CĂ©cile. Le projet part en sucette (sans mauvais jeu de mots), puisque le sĂ©ducteur tombe amoureux d’une autre femme, madame de Tourvel. La marquise, blessĂ©e dans son ego, ne supportant pas que Valmont puisse aimer quelqu’un d’autre, le force Ă  rompre. ConsĂ©quence : Tourvel meurt de chagrin (rien que ça !), Valmont est tuĂ© par le nouvel amant de CĂ©cile, Merteuil s’exile de Paris (honteuse d’avoir foutu un bordel monstre) et CĂ©cile retourne au convent (oĂč on imagine qu’elle rĂ©flĂ©chira Ă  ses conneries). 🙊

On adore : le changement de personnage entre chaque lettre du roman, ce qui permet de rentrer dans la psychologie de chacun.


Notre-Dame de Paris, Victor Hugo, 1831


Vous connaissez probablement ce grand classique littĂ©raire par le biais de Disney, qui en 1997 a sorti le dessin animĂ© Le Bossu de Notre-Dame. Ce que DicoToucan vous propose, c’est de dĂ©couvrir le roman gothique de Victor Hugo… Tout commence par l’adoption de Quasimodo, bossu, par Claude Frollo, un homme d’Eglise. Frollo enferme Quasi en haut de la cathĂ©drale parisienne pour qu’il devienne le sonneur de cloches (ce qui le rendra sourd). Entre-temps, Ă  Paris, c’est un peu le bordel puisque la population fait la chasse aux bohĂ©miens, peuple dont est issue La EsmĂ©ralda, une magnifique jeune femme qui danse comme personne. 💃

Frollo, qui ne connaĂźt rien aux femmes ni Ă  l’amour, est obsĂ©dĂ© par les courbes de la jeune femme qu’il voit danser sur le parvis. Il tente de l’enlever, mais celle-ci est sauvĂ©e par des archers menĂ©s par Phoebus, l’archĂ©type du beau-gosse un peu con. La Esmeralda tombe Ă©perdument amoureuse du bellĂątre, qui entre-temps se fait poignarder par Frollo, jaloux. Le soldat survit, mais La EsmĂ©ralda est condamnĂ©e Ă  mort car tout le monde la croit coupable de la tentative d’assassinat. đŸ”Ș

Quasimodo la recueille dans Notre-Dame, tandis que Frollo tente de la sĂ©duire en lui promettant la vie contre un baiser. DĂ©goĂ»tĂ©e par le vieux prĂȘtre pervers, elle refuse. Frollo devient fou et la livre Ă  la potence. Lorsqu’elle finit par mourir, pendue, Quasimodo, qui se tient en haut de Notre-Dame avec Frollo, attrape ce dernier et le jette du haut de la cathĂ©drale. Evidemment, le prĂȘtre ne survit pas Ă  la chute et s’Ă©crabouille sur le parvis, en miettes. Fou de dĂ©sespoir, Quasimodo rejoint La EsmĂ©ralda lĂ  oĂč on a jetĂ© son corps sans vie, et se blottit contre elle pour mourir, Ă  son tour, de chagrin. 😭

On adore : la personnification de la cathédrale, qui devient personnage central du roman, et le passage exceptionnel sur la Cour des Miracles !

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Gargantua, François Rabelais, 1534


RĂ©digĂ© Ă  une Ă©poque oĂč l’Eglise avait les pleins pouvoirs et oĂč ce que de nos jours on appellerait le « politiquement correct » Ă©tait de rigueur, Gargantua est un vĂ©ritable sĂ©isme. Il faut dire que son auteur Ă©tait un grand copain d’Ambroise ParĂ©, habituĂ© Ă  voler des cadavres pour les autopsier et Ă©tudier le corps humain (pour l’Eglise, c’Ă©tait l’hĂ©rĂ©sie la plus totale). DrĂŽle, impertinent, cru voire carrĂ©ment salace par moment, ce roman a une saveur bien particuliĂšre. đŸ€—

Tout commence avec la dĂ©couverte de Gargantua, un Ă©norme gĂ©ant qui adoooooooore manger, boire et bringuer. Il rote, il pĂšte, il rigole, il danse, bref c’est la belle vie pour ce bon vivant. Un jour, l’Empire est attaquĂ©. Gargantua prend la tĂȘte des combats et, victorieux, dĂ©cide de cĂ©lĂ©brer la victoire Ă  l’abbaye de ThĂ©lĂšme dont la devise est, en gros, « fais ce que tu veux » (imaginez, Ă  l’Ă©poque, le scandale). La fĂȘte est gargantuesque (vous l’avez, la rĂ©fĂ©rence ?) et le roman se termine sur une rĂ©flexion pleine de sagesse sur le vice et la vertu. 🎁

On adore : le discours sous-jacent qui critique la bien-pensance de l’Ă©poque et fout un grand taquet Ă  l’Eglise et ses mĂ©thodes.


Candide ou l’Optimiste, Voltaire, 1759


Suivez les aventures de Candide, qui au dĂ©but du roman porte vraiment bien son nom. Son professeur, Pangloss, lui rĂ©pĂšte sans cesse que « tout est pour le mieux dans le meilleurs des mondes ». Candide y croit dur comme fer. Il vit chez le Baron, qui a une fille prĂ©nommĂ©e CunĂ©gonde (ouais, c’est moche). Notre petit Candidou et CunĂ©gonde Ă©changent un baiser interdit. ChassĂ© comme un malpropre par le Baron, Candide va alors dĂ©couvrir le monde. Vous l’aurez devinĂ©, il va de mauvaises surprises en dĂ©convenues totales. 😰

Sa devise vacille : en fait, « tout n’est que merdier dans le pire des mondes ». Sur sa route, il croise de nombreux personnages qui lui font vivre des situations inĂ©dites : guerre, mort, esclavage, etc. Un joyeux programme pour notre Candide national qui se retrouve, finalement, Ă  dĂ©velopper sa propre philosophie. En effet, au terme de son voyage initiatique rocambolesque, il conclut : « il faut cultiver son jardin », c’est-Ă -dire construire son propre parcours et en tirer ses propres leçons. Candide ne l’est plus ! 😎

On adore : la bataille entre les philosophies de Pangloss (persuadĂ© que tout va bien partout et tout le temps), de Martin (qui pense que la vie est au mieux « supportable »), et de Candide (mĂ©lange des deux avec une petite touche d’optimisme, quand mĂȘme !).

đŸ–€đŸ§ĄđŸŒŽ Alors, que pensez-vous des classiques littĂ©raires ? Dites-le nous en commentaire ou contactez-nous directement !